14 mai 2015

Pour ne pas se laisser aller... - épisode 2

Au mois de décembre dernier, le 26 exactement, je fus invitée à Ampanihy, quel honneur, au mariage d’un de mes collègues, Josse. Josse, le beau prof de sport que l’on préfère plutôt célibataire qu’avec une bague au doigt... Je me réjouis cependant : je souhaitais quitter la ville pendant les vacances mais l’inspiration de où me diriger me manquait (ou bien sentais-je que quelque évènement arriverait... ?!) et cette
invitation en brousse à 230 km au sud de Toliara arriva à point nommé ! Encore un petit tour onctueux de ma bonne étoile... Merci.
Ainsi nous partons, une dizaine pour le mariage -pardon pour les fiançailles (précision de Josse)- en milieu d’après-midi dans un grand camion-brousse. Les 50 premiers kilomètres surplombent la RN7, finalement une des meilleures portion de route de Mada
(j’aurais pas cru en arrivant ici...). La végétation est sèche, dense et nous apercevons quelques baobabs. Je suis à l’avant mais sur le côté, prêt du futur marié, le camion est blindé. Il file, je quitte Toliara. Je respire. Puis il s’arrête, pause. Je descends, regarde autour de moi et sursaute : j’ai déjà eu des problèmes à cet endroit-là et y suis déjà passée deux fois depuis ! Je garde un air naturel mais...
Enfin on repart, rien à signaler. Euh, sauf que de route presque lisse et droite où nous roulions à vive allure, nous voilà sur la piste, cahotant à droite cahotant à gauche, creusant davantage des creux déjà profonds, enchaînant les nids de zébus. Et oui, nous ne dépasserons pas le 30km/h, durant 180km. Et 30, c’était la vitesse de pointe ! 18 heures, 230 kilomètres...
Finalement, pas besoin d’aller si loin que ça pour déconnecter, la lenteur amorce la pensée et l’entretient, elle lui laisse le temps, ne la presse pas et, au contraire, l’encourage. Car que faire lors de ce temps presque stoppé, si ce n’est penser ? Alors je pense, je réfléchis, je repère les synchronismes, les signes, je me laisse guider... Et j’ai l’impression d’atteindre un bout du bout du monde. Les coucher et lever de soleil étaient beaux, nous traversant une forêt sèche, épineuse et particulièrement aride. Ça ne respire pas
beaucoup l’eau par ici, même si la route encore inondée prétend le contraire (mi-décembre = début de la saison des pluies).
Nous arrivons, il est midi. Et la chaleur nous écrase. Attente, chaud. Vraiment chaud. Attente. Chaud. Attente. 
Nous partons rejoindre la famille de la future mariée et elle-même, là-bas depuis une semaine. Je raccourcis les présentations, l’accueil, le repas, les discussions, les copains scouts, le coucher du soleil, le gâteau, le programme du lendemain...
Les fiançailles (ou mariage, jusqu’à aujourd’hui je n’ai pas de certitude !)
Ampanihy est une moyenne ville mahafal située sur une des routes qui relie Toliara à Fort-Dauphin. L’évènement de la journée est le deuxième d’une série de trois avant de consacrer réellement l’union femme-homme à l’église. Quelques mois auparavant, le jeune homme s’était entretenu avec le père de sa "bien-aimée" pour demander sa main, qui lui avait été accordée pour la somme de je
ne sais combien d'ariary et un zébu.
La deuxième étape, celle qui nous réunissait en ce jour, était la passation de façon traditionnelle de la future épouse à la famille du futur marié, suivie de la cérémonie de scellage officiel de leur union, à la mairie. En m’invitant, Josse souhaitait me faire découvrir une des traditions de la région Grand Sud de Madagascar, et je l’en remercie. Mon travail en échange : des photos ! Et de qualités, merci papa.
D’ailleurs, celles-ci représentent, dans l’ordre, le déroulement de ces quelques jours hors du temps, une petite wasette rasta faisant partie intégrante de la famille proche du marié et assistant, avec eux, aux discussions entre pères sur l’avenir de leurs enfants.
Remarquez bien, seuls les hommes parlent, même s’il s’agit des "pièces rapportées", comme le beau-frère du futur marié par exemple. Le jeune homme, lui, reste muet, tête baissée... Existe-t-il une hiérarchie ? Enfants - femmes - fils de... – parents - anciens ? La discussion porte sur le prix de la dot qui a augmenté. Ça parle, parle, je ne comprends rien mais c’est comme unedouce musique qui résonne dans mes oreilles. Ces voix graves, posées... Peut-être la voix sage des anciens ? Pendant ce temps, le zébu attend. Il attend la fin du débat pour intégrer la famille de la fille qui, elle,
intègrera la famille du garçon. D’ailleurs, nous ne la verrons qu’une fois l’accord conclu. Josse se lève, deux femmes accompagnent sa future épouse, la lui remette puis ils viennent tous deux s’installer avec nous, la famille du marié. Ça y est, elle a été donnée, nous pouvons partir.
Nous rentrons. Douche. Collation. Finir le gâteau. Douche. Chaleur. Repos. Chaleur.
Nous partons à la mairie. Bon, là c’est un mariage quoi. On est tous assis à se regarder dans le blanc des yeux on attend c’est long il fait chaud enfin ça commence on a l’impression d’être à un examen blablabla du maire les époux "oui" sourires gênés non il n’y a pas d’alliance signatures on applaudit ? je ne m’en souviens plus on sort il pleut du riz photos sourires énergie tendue chaleur on part à la salle... Bon, un mariage à la mairie
quoi... Pourquoi tant de monde dans un moment aussi pompant pour une signature nécessitant seulement quatre personnes ?! J’avoue que certaines traditions de ce monde me laissent perplexe...
C’est après que ça devient croustillant. On mange, non pardon on prie d’abord, mmh la viande est vraiment délicieuse, on danse (mais on commence par le afindrafindrao !), on boit, ils ouvrent des cadeaux, ah non, on fait la queue pour les leur donner, ils partagent le gâteau, main
dans la main, un baiser ? oui, il y en a eu un ! Les enfants dansent, les vieux aussi, ça boit, ça s’amuse. Il y a l’ambiance[1]. Le soleil bientôt se couche et... c’est la fin ! Je n’ai même pas eu le temps de danser...
Mais c’était vraiment chouette !
Merci Josse.

 

[1] Le terme ambiance porte une signification bien particulière ici à Madagascar. Couramment employé il se réfère au moment où on danse, boit, oublie, profite... Il y a l’ambiance !


Para no dejarse llevar - Episodio 2
Durante el mes de diciembre pasado, el 26 exactamente, estuve invitada a Ampanihy,
vaya honor, a la boda de unos de mis colegas, Josse. Josse, el bello profe de deporte que preferimos más soltero que casado… Sin embargo me alegro: quería salir de la ciudad durante la vacaciones pero me faltaba la inspiración del dónde (¡¿o bien sentía que algo iba a llegar…?!) ¡y esa invitación en brousse[1] a unos 230 km al sur de Toliara llegó totalmente a propósito! Otro número untuoso de mi buena estrella… Gracias.

Así que partimos, una decena para la boda –perdón, el noviazgo (precisión de Josse)-
en medio de la tarde en un gran camion-brousse. Los 50 primeros kilómetros recorren la RN7, finalmente una de las mejores porción de carretera de Mada (no lo hubiera creído al llegar aquí…). La vegetación es seca, densa y distinguimos unos cuantos baobabs. Estoy sentada adelante pero en el lado, cerca del futuro marido, el camión está llenísimo. Él corre y yo me alejo de Toliara. Respiro. Se para, pausa. Bajo, miro alrededor y sobresalto: ¡ya tuve problemas en este mismo lugar y ya pasé aqui dos veces desde entonces! Conservo un aire natural pero… Por fin nos vamos, nada qué decir. Euh, salvo que de carretera casi lisa y recta sobre la cual circulábamos a viva velocidad, estamos ahora sobre la pista, traqueteando por la derecha traqueteando por la izquierda, cavando aún más huecos ya profundos, enlazando los baches. Sí sí, no  sobrepasaremos los 30km/h durante
180km. Y 30, ¡era la velocidad de punta! 18 horas, 230 kilómetros…
 
Finalmente, no hace falta irse tan lejos para desconectar. El lentor inicia el pensamiento y lo entretiene, le deja el tiempo, no le apresura y, al contrario, le anima. Ya que, ¿qué hacer durante aquel tiempo parado, si no es pensar? De modo que pienso, reflexiono, localizo los sincronismos, los signos, me dejo guiar… Y tengo la impresión de alcanzar uno de los pinos del quinto pino. Los atardecer y amanecer eran bellos, nosotros atravesando un bosque seco, espinoso y particularmente árido. No percibimos mucha agua por aquí, aunque la pista aún inundada pretende lo contrario (mi-diciembre = principio de la temporada de lluvia).
Llegamos, son las doce. Y el calor nos aplasta. Espera, calor. Realmente calor. Espera. Calor. Espera. Vamos a la casa de la futura esposa, ella está allí desde una semana ya. Corto las presentaciones, la acogida, el almuerzo, las discusiones, los amigos scouts, el atardecer, el pastel, el programa de la mañana…
El noviazgo (o boda, hasta hoy no tengo certidumbre!)
Ampanihy es una ciudad mahafaly de tamaño medio en el sur de Toliara en una ruta que une Toliara a For-Dauphin. El acontecimiento de la jornada es el secundo de una serie de tres antes de consagrar realmente la unión mujer-hombre en la iglesia. Unos meses antes, el chaval se había entretenido con el padre de su “querida” para pedirle su mano, la cual se le había sido otorgada por la sumo de no sé cuántos ariarys y un cebú.
La segunda etapa, la cual nos reunía aquel día, era la entrega de modo tradicional de la futura esposa a la familia del futuro esposo, seguida por la ceremonia del fusion oficial de su unión, en el ayuntamiento. Al invitarme, Josse deseaba
hacerme descubrir una de las tradiciones de la región Grand Sud de Madagascar, y se lo agradezco mucho. Mi trabajo en cambio: ¡fotos! Y de calidad, gracias papa.

De hecho, éstas representan, en orden, el desarollamiento de esos cuantos días fuera del tiempo, una wasesita rasta formando parte integrante de la familia próxima del casado y asistiendo, junto con ellos, a las discusiones entre padres sobre el porvenir de sus hijos/hijas. Fíjense bien, sólo los hombres hablan, aunque sean “piezas traidas”, como el cuñado del futuro marido por ejemplo. El joven, él, permanece mudo, cabeza baja… ¿Existe aquí alguna jerarquía? ¿Niños – mujeres – hijos de… – padres – ancianos? La discusión trata del precio de la dote que ha aumentado. Hablan, hablan, yo no entiendo nada pero es como una suave música que
suena en mis oídos. Aquellas voces profundas, calmas… ¿Tal vez las voces sabias de los ancianos? Mientras tanto, el cebú espera. Espera el final del debate para integrar la familia de la chica, la cual integrará la familia del chico. De hecho, no la veremos hasta un acuerdo establecido. Josse se levanta, dos mujeres escoltan a su futura esposa, se la otorgan y vienen los dos instalarse junto con nosotros, la familia del marido. Ya está, ha sido entragada, podemos irnos.
Volvemos a casa. Ducha. Colación. Acabar el pastel. Ducha. Calor. Descanso. Calor.
Partimos al ayuntamiento. Bueno, aquí se trata una boda, no más. Estamos todos sentados mirándonos en el blanco de los ojos esperamos es largo hace calor por fin empieza tenemos la impresión de estar a un examen blablablá del alcalde los esposos
“sí” sonrisas incomodadas no no hay alianza firmas ¿aplaudimos? no me acuerdo salimos llueve arroz fotos sonrisas energía tensa calor vamos a la sala… Bueno,tan sólo una boda en el
ayuntamiento… ¿Por qué tanta gente en un momento tan pesado para una firma que necesita solamente cuatro personas? Confieso que algunas tradiciones en este mundo me dejan perpleja…
Es después que se hace piquante. Comemos, no, perdón, primero rezamos, mmh la carne es realmente exquisita, bailamos (¡pero empezamos con el afindrafindrao!), bebemos, abren los regalos, ah no, hacemos cola para dárselos, parten el pastel juntos, manos en la masno, ¿un beso? sí, ¡hubo uno! los niños bailan, los viejos también, beben, se divierten. Hay l’ambiance[2]. El sol se desvanece y… ¡es el final! Ni siquiera me ha dado el tiempo bailar…
¡Pero fue bien padre!
Gracias Josse.


[1] El termino brousse se refiere a la vida fuera de la ciudad.
[2] El término ambiance es evocador del AMBIENTE en Madagascar: la gente baila, bebe, olvida, disfrute… ¡Es l’ambiance!






























 

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