20 mars 2014

Tulear


Pas de photos de la ville, elle n’est ni jolie, ni attractive et il est parfois délicat de sortir des clichés. Que vais-je montrer, la misère ? Les cyclo-pousses qui négocient à quelques centimes la traversée de la ville? Les jolies jeunes filles et leurs paniers remplis de fruits sur la tête ? Les jolies jeunes filles faiblement vêtues à l’affut des wahasa[1]? Les réparateurs de bicyclettes ? Les vendeurs de légumes sur les trottoirs, la viande qui pend et sèche au vol des mouches, les poissons étalés au sol à la tombée de la nuit ? 
À ce bref portrait il faudrait ajouter les odeurs, les odeurs de bois qui brûlent, de marmites ou fritures à midi, d’urine selon les rues, de boco boco[2], de poussière, de sueur du pousse[3] que le vent transperce, des petites brochettes de zébu le soir, de poules, de cabris, de pots d’échappement parfois, de bétails, d’eaux pourries… Les odeurs et les sons, les pousses qui grincent, les interpellations qui ne cessent « wahasa ! » « ampela soa… » « rasta ! » « pousse madame ! », des pleurs de gosses, des rires, de la musique tspiky balancée à toute blinde, des paroles interceptées par-ci par-là « eïse ! » « alefa… » « hamaray » « dimi ariv » « asafaty »… Au passage, quelques beignets de légumes, sambos[4], calamars sautés, brochettes de zébu grillées, pistaches[5]... Sur la peau le soleil cogne, fortement, brûlement. Tout le corps est moite, à l’extérieur, comme à l’intérieur car jamais à l’abri de choper une saloperie… Et des regards se croisent, bienveillants, avenants, intéressés, gênants, curieux, souriants, indifférents…
Voilà, c’est ça Tulear. Une tâche blanche sur un fond noir. Je pense à tous les Noirs isolés de Paris…

[1] Étranger 
[2] (délicieux) beignets à base de pâte levée 
[3] Du cyclo-pousse en réalité (avec un vélo… !) 
[4] Samossas aux oignons, au poivre, à la viande et parfois à l’air…
[5] Cacahuètes grillées

 


No hay fotos de la ciudad, no es ni bonita, ni atractiva y a veces resulta delicado  sacar clichés. ¿Qué voy a ensenar, la miseria? ¿Los ciclo-pousse[1] que negocian unos céntimos para cruzar la ciudad? ¿Las bonitas chicas y sus cestas llenas de frutas en la cabeza? ¿Las bonitas chicas ligeramente vestidas al acecho de los wahasa[2]? ¿Los reparadores de bicicletas? ¿Los vendedores de verdura en las acera, la carne que cuelga y seca al vuelo de las moscas, los pescados echados al suelo al anochecer? 
A ese breve retrato habría que añadir los olores, los olores de maderas que queman, de las ollas o frituras por la tarde, de meo según las calles, de boco boco[3], de polvo, de sudor del pousse que el viento traspasa, de brochecitas de carne de cebú por la noche, de gallinas, cabras, tubo de escape a veces, aguas podridas… Los olores y los sonidos, los pousses que chirrían, las interpelaciones que nunca paran « wahasa ! » « ampela soa… » « rasta ! » « pousse madame ! », palabras interceptadas por aquí por allá« eïse ! » « alefa… » « hamaray » « dimi ariv »… Al paso, unos buñuelos de verduras, sambos[4], , calamares a la plancha, brochetas de cebú asadas, pistachos[5]... En la piel el sol quema, fuertemente, quemamente. Todo el cuerpo esta empapado, al exterior como al interior porque nunca está fuera del peligro de pegarse una mierda… Y miradas que se cruzan, condesciendes, afables, interesadas, molestas, curiosas, sonrientes, indiferentes…
Bueno, eso es Tulear. Una mancha blanca en un fondo negro. Pienso en todos los Negros aislados en Barcelona…

[1] Carrito llevado por un hombre a bicicleta
[2] Extranjero
[3] (deliciosos) buñuelos a base de masa levada
[4] Samossas con cebolla, pimienta, carne y a veces aire…  
[5] Cacahuetes asadas

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