11 nov. 2011

Deux ans...
Voici deux ans à présent que je suis à la réunion. 
Deux ans.
Les choses ont-elles changé? Évolué? Avancé? Je ne saurais dire… Le chemin a été escarpé, tantôt ensoleillé, tantôt voilé. Parfois complètement emprisonné. Mais il semble que les murailles, elles, se soient renforcées. Change-t-on avec la sédentarisation? Oui. Non. La sédentarisation appelle à elle les vieux démons. Et comment se vit-elle cette sédentarisation? Comme une expérimentation. Une expérimentation qui apporte ou retire certains petits plaisirs de la vie… Une expérimentation qui apporte son lot de larmes et de sourires, son lot de réponses et de questionnements. Sans jamais se languir. On peut se sentir chez soi ou étranger à n'importe quel endroit, chez soi chez les autres ou bien étranger chez soi. J'alterne entre l'un et l'autre… Le problème est-il véritablement la sédentarisation? Peut-être est-ce plutôt le monde qui entoure. Un monde où je me sens chez moi lorsque je me promène dans les bois et dont je me sens étrangère lorsque je vois comme il tourne (pas rond). La sédentarisation… La sédentarisation apporte aussi. Elle apporte le temps d'écrire, de réfléchir, d'approfondir. Elle apporte des rencontres qui s'inscrivent moins dans l'éphémère que dans la durée, et donc plus développées et davantage appréciées. Mais la sédentarisation retire. Elle retire l'invisibilité et marque d'un profond trait noir le cadre. Ce gros cadre qui nous suit tous et qui s'impose à nous depuis toujours. Celui qui entoure l'esprit et qui cadre la raison. Celui là même qui refoule et congédie la légèreté de l'esprit. Il renie le laisser-aller et le sans lendemain fixe. Il est fixe et définie les prochaines attaches, fixes. Le cadre coupe, restreint, obnubile. Horaires de travail, traites à payer, maison à s'occuper… Le travail est intéressant, la maison belle et agréable à occuper mais… Sédentarisation rime avec obligation. Sédentarisation, obligations. Sédentarisation, leçons. Sédentarisation, réflexion. Sédentarisation, spéce couion!
En revanche la sédentarisation permet de connaître un endroit mieux que jamais. Cet endroit ne sera jamais soi, mais le "bien connu" peut parfois transmettre autant de satisfaction que le "méconnu". Les sensations sont différentes, mais toutes aussi nobles. L'un donne, l'autre reçoit. Donner, recevoir. Échange. L'essentiel est là.
Alors depuis deux ans j'ai créée des petits bouts. Des petits bouts de deux ans qui ne sont peut-être même pas accordés ni raccordés, rien que des petits bouts éparpillés. Des bouts de papiers avec le vent envolés. Comme nos bouts de papier qui nous servent à exister, mais qui, au final, nous sont inutiles à l'heure d'avancer...
Dos años…
Ya llevo dos años en La Isla de La Reunión. 
Dos años.
¿Las cosas cambiaron? ¿Evolucionaron? ¿Avanzaron? No podría decirlo… El camino fue empinado, a veces soleado, a veces nublado. A veces totalmente aprisionado. Pero parece que las murallas, ellas, se han reforzado. ¿Cambiamos con la sedentarización? SÍ. No. La sedentarización llama consigo a los viejos demonios. ¿Y cómo se vive esta sedentarización? Como una experimentación. Una experimentación que trae o quita algunos placercitos de la vida… Una experimentación que aporta su dosis de lágrimas y de sonrisas, su dosis de respuestas y de preguntas. Sin cansarse nunca. Uno puede sentirse en su casa o extraño en cualquier lugar, en su casa en casa de otro o bien extraño en su propia casa… ¿Es realmente la sedentarización el problema? Tal vez sea más bien el mundo que nos rodea. Un mundo en el cual me siento en casa cuando doy un paseo por el bosque, y del cual me siento ajena cuando veo cómo va dando vueltas (por todos lados). La sedentarización… La sedentarización también aporta. Aporta el tiempo de escribir, de pensar, de profundizar. Aporta encuentros que se inscriben menos en lo efímero que en lo duradero, y que resultan más desarrollados y más apreciados. Pero la sedentarización quita. Quita la invisibilidad y marca con una profunda raya negra el cuadro. Ese gran cuadro que nos sigue a todos y que se impone a nosotros desde siempre. Éste que rodea la mente y que encuadra la razón. Éste mismo que rechaza y despide la ligereza del espíritu. Reniega la dejadez y el sin mañana fijo. Es fijo y define los próximos apegos, fijos. El cuadro corta, limita, obnubila. Horarios de trabajo, facturas para pagar, casa para cuidar… El trabajo es interesante, la casa agradable para cuidar pero… Sedentarización rima con obligación. Sedentarización, obligación. Sedentarización, lección. Sedentarización, reflexión. Sedentarización, spece couion!
En cambio, la sedentarización permite conocer un lugar mejor que nunca. Este lugar no será nunca sí mismo, pero el "bien conocido" a veces puede transmitir tanta satisfacción como lo "desconocido". Las sensaciones son diferentes, pero todas lo igual de noble. Uno da, el otro recibe. Dar, recibir. Intercambio. Lo esencial está aquí.
Así desde hace dos años he creado pedacitos. Pedacitos de dos años que ni siquiera son acordados o recordados, nada más que pedacitos dispersos. Pedacitos de papel con el viento volados. Como nuestros pedacitos de papeles que sirven para existir, pero quienes son, al final, inútiles a la hora de adelante seguir…

4 nov. 2011



Cuánto pasa el tiempo...
Llevo dos meses mudada. Dos meses trabajando y dos meses (¡por fin!) motorizada, y siguiendo acompañada. Los gatos están en casa, han llegado las plantas. La familia está reunida. Por fin. Pero… ¡cuántas peripecias hasta allá! Cambios de casas, vacilaciones, improvisaciones, peleas, decepciones, esperanzas, paciencia (mucha paciencia), emociones, combates, aprendizaje, fe, risas, lloros, deseos, engañifas… Pero estamos aquí, realmente aquí. Aquí y acá disfrutando desde hace poco de la vista  que nos aparece como un regalo cada mañana, cada tarde, cada noche desde la terraza de la casa (el azul profundo del océano); disfrutando meter la manos en la tierra para plantar unas cuantas flores, leer en la hamaca, sentir el sol cada vez más caliente en la piel estirada en los reposeros… El tiempo. El tiempo vuelve por fin a nosotros. El que se había escapado estos dos últimos meses vuelve con fuerza. Salgo del trabajo a la una y un placer sube inmediatamente a mi garganta: ¿qué voy hacer? ¿Volver a casa y disfrutar? ¿Hacer la vuelta de los amigos? ¿Irme a descubrir nuevas rutas…? Puedo elegir de nuevo, las obligaciones de disuelven. El bien estar retoma poco a poco su lugar en el hueco de la barriga. Y es bueno… Por fin.
El periodo de movimiento perpetuo se ha concluido en gran pompas y levanto de talón: con ganas de venir y esperada desde hace dos años, tras esperanzas vanas y olvidadas, que finalmente recuperamos y guardamos hasta el principio del mes de octubre, cuando por la mañana del primer domingo –lucía un sol ardiente en el cielo- sí, por fin, llegó. Por fin, vino. Por fin, nos vimos. Por fin, nos abrazamos. Después de dos años. Increíble pero sí, ¡mi mamá está en La Reunión!! Tres semanas… Anda, ¡en marcha! Y después de dos días de descanso, que saquen las aventuras, las vueltas de la isla, el volcán, los intentos, las cascadas, las improvisaciones que acaban bien, las nubes, las olas, los samosas, las averías y penurias de coche, las pizzas en el horno de leña, la no-organización, los caris en la playa, el viento, los conciertos, los amigos, los circos, las flores, los colores, los olores, lo dulzores, las grandezas, las caminatas, las sonrisas, los asombros, las éxtasis… La isla llama, la isla fascina, la isla colma. Y después de tres semanas a recorrerla al cotidiano, parece que se llama "Vuelve". Y yo también a mi mamá le digo vuelve… Pero también tengo gana de decir, a cada uno de vosotros, para disfrutar y apreciar: "venga, no vaciles… ¡Ven!"
 

Comme le temps passe...
Voici deux mois que j'ai aménagé. Deux mois où je travaille et deux mois où je suis (enfin!) motorisée, et toujours accompagnée… Les chats sont à la maison, les plantes sont arrivées. La famille est réunie. Enfin. Mais…que de péripéties pour en arriver là! Du trimballage, de l'hésitation, de l'improvisation, des prises de tête, de la déception, de l'espoir, de la patience (beaucoup de patience), de l'émotion, du combat, de l'apprentissage, de la foi, du rire, des pleurs, des désirs, des leurres… Mais nous sommes là, bien là. Là et ici à profiter depuis peu de la vue qui s'offre à nous chaque matin, chaque après-midi, chaque soir sous la varangue (le bleu profond de l'océan); à profiter de mettre les mains dans la terre pour planter les fleurs, à bouquiner dans le hamac, à sentir le soleil de plus en plus chaud sur la peau étendue dans les transats… Le temps. Le temps vient enfin à nous. Lui qui s'était échappé ces deux derniers mois revient en force. Je sors du travail à midi et un plaisir me monte à la gorge: que vais-je faire? Rentrer et profiter de la case? Faire le tour des copains? Partir à la découverte de nouvelles routes…? Le choix s'offre à nouveau à moi, les obligations se dissolvent. Le bien-être reprend petit à petit sa place au creux du ventre. Et c'est bon… Enfin.
La période de mouvance s'est clôturée en grande pompe et levée de rideau: désireuse de venir et attendue depuis deux ans, après espoirs vains et oubliés, si, finalement, on les a rattrapés et gardés, jusqu'au début du mois d'octobre où le tout premier dimanche matin -il faisait un soleil éclatant- enfin, elle est arrivée. Enfin, elle est venue. Enfin, nous nous sommes retrouvées… Après deux ans. Incroyable mais si, maman est à La Réunion!! Trois semaines. Allez, c'est parti! Deux petits jours de repos et sortez les aventures, les tours de l'île, le volcan, les essais, les cascades, les improvisations qui se goupillent bien, les nuages, les vagues, les samossas, le boucané, les pannes et pénuries de voiture, les pizzas au feu de bois, la non-organisation, les caris sur la plage, le vent, les concerts, les copains, les cirques, les fleurs, les couleurs, les senteurs, les douceurs, les grandeurs, les randos, les ballades, les sourires, émerveillements, extases… L'île appelle, l'île fascine, l'île comble. Et après trois semaines à la parcourir au quotidien, il paraît qu'elle s'appelle "Reviens". Et moi aussi à ma maman je lui dis reviens… Mais j'ai aussi envie de dire, à chacun d'entre vous, pour profiter et apprécier: "allez, n'hésite pas… Viens!"