22 janv. 2014


Branle-bas de combat

Mercredi soir, alors que je sors de la douche, Lionel appelle. Lionel, c’est le contact que m’a donné Samuel de Tana « tu verras, c’est quelqu’un de vraiment sympa, il connaît bien Tulear et il pourra t’aider ». Je l’avais contacté quelques jours auparavant. « Salut Natacha, on sort ce soir avec des amis, tu veux nous rejoindre ? » Hésitation, je sais qu’il ne fait pas bon sortir la nuit, surtout pour une femme seule. Sans donner un accord franc, je raccroche. Je demande conseil à Carole, évidemment elle ne m’encourage pas… Il est presque 21h, en même temps sortir ce soir est une juste continuité des choses, je suis encore en mouvement. Allez, j’y vais !
Je sors de la résidence, attrape un pousse (homme en vélo avec une petite carriole à l’arrière qui peut accueillir jusqu’à deux personnes). « Salama, auchin jusqu’au front de mer ? Ariv rue ? 2000 ? Eka ! » C’est parti, il fait nuit noire. Non non, je n’ai pas peur. J’arrive au front de mer, ne parviens pas à trouver le bar. Appel. Lionel vient me chercher. Je l’accompagne et nous rejoignons ensemble deux de ses amis installés dans une petite gargote, Nicol et Manu, deux wasas qui bossent pour des ONG. Manu… Manu, celui qui est descendu avec Yasmine de Tana en décembre ? Exact ! Tout se recoupe, le monde est petit, même à Madagascar… Je m’assoie, nous discutons. Connexion. On trinque, un mange des petits poulpes grillés, mmh, les garçons picolent, Lionel a faim. Nous gagnons un restaurant juste à côté. Nicol, « je vais pas tarder à rentrer, je suis fatigué », les autres sourient, ils connaissent déjà la rengaine, eux. Je suis fatiguée aussi mais je suis bien avec cette bande de joyeux lurons. Ils mangent, je goûte la pizza. Manu tire la gueule, il a attendu trois plombes pour un hamburger froid et dégueulasse. Il ronchonne, presqu’agressif. Le temps s’allonge. Je pars ? En même temps je suis bien quand même. Enfin, nous décollons. On va au Tata Djembé? Non pour Nicol… Allez, juste un verre on reste pas longtemps ! Ses amis le convainquent, on y va. Ainsi je plonge dans l’ambiance malgache, musique Tsapiky, du sud et Salegy, du nord. Manu est tout sourire, il danse. Fini l’air aigris, c’est le plus heureux du monde ! Moi j’observe. Je regarde ses danses fougueuses, érotiques… C’est beau, c’est chaud. Les femmes ont un corps élastique qui s’élance en tous sens, la croupe relevée sur les rythmes déchaînés. Les hommes dansent bien aussi, le rythme dans la peau, avec des gestes plus lents mais tout aussi éloquents. Danses effrénées, simulacre torride et sexuel. Le rythme est bon cependant, il invite à la cadence. Je reste perchée sur mon siège, la piste est bien trop vide pour s’y aventurer… Les garçons sont tout sourire, ça fait plaisir. Véritable connexion. 4h passées nous rentrons après une brève halte chez Nicol, je me lève dans trois heures pour aller au lycée... Par chance, Manu habite à 30 mètres de là où je dors, il me dépose en voiture. Merci !
7h20, le téléphone me réveille,  message : « Bonjour la belle au bois dormant, des amis ont appelé hier, ils viennent ce week-end à la maison, peux-tu libérer la chambre ce soir ou demain stp ? désolée… ». C’est Carole. Merde ! Je me lève, parfaitement réveillée. Branle-bas de combat, il faut que je trouve un squat ! Il faut que je vire toutes mes affaires ! Dans ma tête, ça fuse. Ai-je fait quelque chose de mal ? Pourquoi un départ si brusque, avec toutes mes affaires ? Les hôtels sont loin du lycée et de la maison que je souhaiterais éventuellement emménager (il me faut juste trouver un ou une colocataire…). Merde. Trouver une solution. J’envoie un message aux garçons, bien sûr ça roupille sec ! Je pense à Manu, juste à côté. Ce serait l’idéal… J’appelle, répondeur. J’appelle, répondeur. Je vais au lycée. J’appelle, répondeur. Merde ! J’arrive, je suis toute chamboulée. Bon, installons le Club de Français.
Midi. J’appelle, toujours ce foutu répondeur. Yasmine appelle Léo, le colloque de Manu, oui, pourquoi pas m’accueillir, mais il ne peut prendre la décision, c’est Manu. Appel, répondeur. Je rentre chez Carole et m’active, pas le choix. Je range les affaires, fais la lessive (à la main), me lave la tête, tente de correspondre par skype. Je ne sais pas où je vais atterrir ni quels seront les moyens du bord… Je pense : Lâcher-prise. Je me répète ces deux mots plusieurs fois dans l’après-midi. Les paroles de Yasmine résonnent dans ma tête : « tu sais, là, c’est un coup de stress, mais peut-être que derrière il va t’arriver de bonnes choses ! ». J’essaye d’y croire. Je pense surtout que j’ai parlé trop vite et me suis reposée sur mes lauriers. Enfin… J’attends Carole pour discuter avec elle, voir s’il y a un quelconque problème, si je peux rester une nuit de plus. Le jour décline, elle n’est toujours pas là… Mince. J’envoie un message pour prévenir. Plus de crédit ! Je sors sous la pluie. Décidemment quand rien ne va… Je rentre. Message. Carole arrive… Discussion. Tout va bien ! C’est juste qu’il y a, effectivement, des amis qui arrivent et elle déménage la semaine prochaine ! Après, je peux retourner chez elle. Ouf, ça rentre dans l’ordre… Message de Yasmine, c’est bon, tu peux débarquer chez les garçons ! Ouf, TOUT rentre dans l’ordre… Carole me dépose, presque déçue que je ne reste pas une nuit de plus, et je pose mes valises chez Manu et Léo, à quelques mètres de la maison, dans ma nouvelle maison. Merci ! Merci ma bonne étoile… 
Et j’y suis toujours chez Manu et Léo et c’est même plutôt chouette je dirais. J’y resterais bien… Mais j’ai trouvé un coloc et serai peut-être bientôt dans MA maison ! Comme quoi, Yasmine avait bien raison… Merci !

Zafarrancho

El miércoles por la noche, cuando salgo de la ducha, una llamada de Lionel. Lionel es el contacto que me dio Samuel de Tana « ya veras, es un chico muy majo, conoce muy bien Tulear et y te podrá ayudar ». Lo había contactado unos días antes. « Hola Natacha, salimos esta noche con unos amigos, ¿quieres juntarte con nosotros? ». Dudas, sé que no es muy bueno salir de noche aquí, sobre todo para una chica sola. Sin dar un acuerdo franco, cuelgo. Pido consejo a Carole, obviamente no me incita… Son casi las nueve, pero al mismo tiempo salir en este momento es una ajusta continuidad de las cosas, ya estoy casi en marcha. Bueno, ¡allá voy!
Salgo de la residencia, cojo un pousse (hombre que está en bici con un carrito atrás que puede contener hasta dos personas). « ¿Salama, auchin hasta el frente del mar? ¿Ariv rue? ¿2000? ¡Eka! » Marchamos, la noche es negra. Qué no, no tengo miedo. Llego al frente del mar, no encuentro el bar. Llamo. Lionel viene a buscarme. Le acompaño y alcanzamos juntos dos amigos suyos instalados en una taberna, Nicol y Manu, dos wasas que trabajan para ONG. Manu… Manu, ¿él que bajó con Yasmine desde Tana en diciembre? ¡Exacto! Todo encaja, el mondo es pequeño, incluso en Madagascar… Me siento, hablamos. Conexión. Brindamos, comemos pulpitos a la plancha, mmh, los chicos toman, Lionel tiene hambre. Vamos a un restaurante justo al lado. Nicol, “bueno chicos, pronto me piro, estoy cansado”, los otros sonríen, ya conocen la historia. Yo, también estoy un tanto cansada pero me siento bien con aquella banda de vivales. Ellos comen, yo pruebo la pizza. Manu pone mala cara, ha esperado tres horas una hamburguesa fría  y mala. Gruñe, casi agresivo. El tiempo se alarga. ¿Me voy? En fin de cuentas me siento bien. Por fin, marchamos. ¿Vamos al Tata Djembé? Para Nicol, ¡qué no hombre! Venga, tan sólo un vaso, ¡no nos quedamos mucho tiempo! Sus amigos lo convencen, entramos. Así me inmerso en el ambiente malgache, música Tsapiky, del sur y Salegy, del norte. Manu no para de sonreír, está bailando. Ya no hay más mala cara, ¡resulta el más feliz del mundo! Yo, observo. Miro esas danzas fogosas, eróticas… Es bonito, es calentísimo. Las mujeres llevan un cuerpo elástico que se balanza en todos los sentidos, la grupa levantada sobre los ritmos desencadenados. Los hombres también bailan bien, el ritmo en la piel, con gestos más lentos pero aún tan elocuentes. Bailes enfrenados, simulacro tórrido y sexual. El ritmo es bueno sin embargo, invita a la cadencia. Sigo encaramada en mi sillón, la pista es demasiada vacía para que me aventure… Los chicos sonríen, da ilusión. Verdadera conexión. A las 4 de la madrugada volvemos a casa después de una breve pausa en casa de Nicol, me levanto tres horas más tarde para ir al instituto... Por suerte, Manu vive justo al lado de donde duermo, me deja con el carro. ¡Gracias!
7h20, el teléfono me despierta, un mensaje: “Hola bella durmiente, amigos me llamaron ayer, vienen a pasar el fin de semana en casa, ¿puedes liberar el cuarto para esta noche o mañana por favor? Lo siento…”. Es Carole. ¡Mierda! Me levanto, totalmente despierta. Zafarrancho, ¡tengo que encontrar otro lugar para dormir! ¡Tengo que quitar todos mis trastos! En mi cabeza, todo se mezcla. ¿Hice algo malo? ¿Por qué una salida tan de repente, con todas mis cosas? Los hoteles quedan lejos del instituto y de la casa que quisiera alquilar (sólo me falta encontrar un compañero de piso). Mierda. Encontrar una solución. Mando un mensaje a los chicos, ¡obviamente todos duermen profundamente! Pienso en Manu, justo al lado. Sería perfecto… Llamo, contestador. Llamo, contestador. Voy al instituto. Llamo, contestador. ¡Mierda! Llego, me siento patas arriba. Bueno, arreglamos el Club de Francés.
Mediodía. Llamo, sigue siendo ese puto contestador. Yasmine llama a Léo, el que comparte la casa con Manu, sí, pueden alojarme, pero no es él quien toma la decisión, sino Manu. Llamada, contestador. Vuelvo a casa de Carole, no hay más remedio. Hago mis maletas, lavo la ropa (a mano), me limpio el pelo, intento corresponder por Skype. Aún no sé dónde llegaré y cuáles serán los medios proporcionados… Pienso: soltar la presa. Me repito aquellas tres palabras varias veces por la tarde. La voz de Yasmine hace echo en mi mente: “sabes, es un golpe de estrés, pero ¡tal vez detrás llegarán buenas asuntos!”. Intento creer en ello. Pienso sobre todo que he hablado demasiado rápido y que me he dormido sobre los laurales. En fin… Espero a Carole para hablar con ella, ver si hay algún problema, si puedo quedarme una noche más. El día va despareciendo, todavía no ha llegado… Jolín. Mando un mensaje para avisar. ¡No tengo más crédito! Salgo bajo la lluvia. Cuando nada sale bien… Vuelvo. Mensaje. Carole llega… Discusión. ¡Todo bien! Sólo que, efectivamente, ¡amigos suyos llegan y ella se muda la semana que viene! Después, podré volver con ella. Uf, la cosas salen bien… Mensaje de Yasmine, es ok, ¡puedes ir a casa de los chicos! Uf, TODAS las cosas salen bien… Carole me lleva con el coche, casi disgustada de que no me quedara una noche más, y dejo mis maletas en casa de Manu y Léo, a unos cuantos metros de la casa, en mi nueva casa. ¡Gracias! Gracias mi buena estrella… 
Y sigo allá, en casa de Manu y Léo, y es bastante agradable a la verdad. Me quedaría con gusto… Pero ¡he encontrado un compañero de piso y quizás estaré pronto en MI casa! Así que Yasmine tenía razón… ¡Gracias!

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